Quelle triste nouvelle ! Bon voyage Mamie Louise 💖 Merci beaucoup pour tes conseils et tes encouragements tout au long de mes années de conservatoire ! Une grosse pensée pour Vanina Ehu et Moon Tahiti ✨💖 Une étoile en plus dans le ciel pour nous regarder vivre notre culture 💕.
Ci-joint la lettre écrite par Fabien Dinard, directeur du Conservatoire.

AU REVOIR MAMIE LOUISE,
MAURUURU ROA DU FOND DU COEUR
J’ai appris, ce mercredi 25 mars, en milieu de matinĂ©e, qu’elle Ă©tait allĂ©e rejoindre les Ă©toiles du ciel de notre Fenua. Mamie Louise est partie. Elle allait avoir 81 ans en juin prochain.
Au nom des agents, des professeurs, des musiciens et des 2300 élèves du Conservatoire Te Fare Upa Rau, je présente nos condoléances à sa famille, à sa grande famille. Sa très grande famille, même : nous étions, toutes et tous ses enfants.
Je l’ai serrĂ©e contre mon cĹ“ur peu avant la pĂ©riode de confinement. Elle voulait nous revoir, au conservatoire, et Vanina Ehu, sa fille spirituelle, que mamie avait formĂ©e la première, nous l’avait amenĂ©e. « J’aime la vie », m’avait-t-elle dit. Et la vie l’aimait aussi.
Je voudrais, simplement – parce que nous vivons tous ensemble des moments si difficiles – dire Ă quel point cette femme Ă©tait exceptionnelle. Exceptionnelle par son engagement de tous les instants au service de sa culture et de sa passion, la danse traditionnelle tahitienne.
Exceptionnelle pour son amour de la transmission de ses savoirs, pour son exigence absolue de recherche de justesse et de sens.
Exceptionnelle pour sa liberté de parole, pour la grande maîtrise de son art. Pour cet incroyable caractère qui nous faisait toutes et tous trembler devant elle. Mais aussi, pour sa gentillesse, ses encouragements, sa volonté de se dépasser à chaque instant.
Toutes ces valeurs, Louise Kimitete nous les a transmises et inculquĂ©es durant plus de trente ans au Conservatoire. A l’Ă©poque, les anciens se rappellent que nous dansions dehors, Ă mĂŞme le sol. Mais nous dansions et les galas de juin, place To’ata, Ă©taient toujours un peu son triomphe car Louise Ă©tait une plume d’un très grand talent.
Beaucoup ont apportĂ© leur pierre Ă la construction de notre culture. Je pense Ă notre Coco Hotahota, qui lui est parti il y a quelques semaines. A bien d’autres encore, qui ont tracĂ© le chemin sur lequel des milliers et des milliers d’entre nous se sont engagĂ©s et s’engageront.
Tous les arts mĂ©ritent d’ĂŞtre vĂ©cus et dĂ©veloppĂ©s, mais la danse traditionnelle porte en elle cette incroyable magie que Mamie nous a transmise, Ă force d’heures de travail, Ă force d’Ă©crits talentueux, de chorĂ©graphies ou les corps Ă©pousent les pensĂ©es, et oĂą une seule raison majeure demeure : aimer. Aimer son Fenua, aimer sa famille, son groupe, son Ă©cole, sa danse.
Beaucoup seront formé(e)s par Mamie Louise. Beaucoup deviendront professeurs, soit chorégraphes, maitres de ballets, grands danseurs.
Vanina et Erena, Moon, la petite fille de Louise, et Hinavai, Tuarii et Toanui, Hugues, Terau, Mateata, Heiti, Vairani, Kelly, Hinatea, Vaihere, Moena, Loïc, Joëlle, Teruria, Marama et Vaihere, Amandine, Mere et Heimaire, Taiana et Nanihi, Poura, Koleta; Kehaulani et toutes nos jeunes fleurs : Natalia, Orlane, Mahealani, Aisa.
Je ne peux pas tous et toutes les citer, mais nombre d’entre elles et d’entre eux Ă©taient prĂ©sents quand Louise a pris sa retraite, toujours Ă To’ata en 2012, oĂą elle sera dĂ©corĂ©e des mains de Manouche Lehartel, des insignes de chevalier dans l’ordre national du mĂ©rite
Mamie, nous ne te disons pas adieu. Car en fait, ta place est tellement forte dans nos cĹ“urs que j’entends ta voie, je vois ton beau sourire, je sens ton impatience mais Ă©galement, ton admiration face Ă notre jeunesse qui a tant besoin d’apprendre.
Guide nous, Mamie, notre Ă©toile. Aujourd’hui plus que jamais.
Fabien Mara Dinard
