Au revoir Louise Kimitete

Quelle triste nouvelle ! Bon voyage Mamie Louise 💖 Merci beaucoup pour tes conseils et tes encouragements tout au long de mes années de conservatoire ! Une grosse pensée pour Vanina Ehu et Moon Tahiti ✨💖 Une étoile en plus dans le ciel pour nous regarder vivre notre culture 💕.
Ci-joint la lettre écrite par Fabien Dinard, directeur du Conservatoire.

Gala du Conservatoire en décembre 2016

AU REVOIR MAMIE LOUISE,
MAURUURU ROA DU FOND DU COEUR

J’ai appris, ce mercredi 25 mars, en milieu de matinée, qu’elle était allée rejoindre les étoiles du ciel de notre Fenua. Mamie Louise est partie. Elle allait avoir 81 ans en juin prochain.
Au nom des agents, des professeurs, des musiciens et des 2300 élèves du Conservatoire Te Fare Upa Rau, je présente nos condoléances à sa famille, à sa grande famille. Sa très grande famille, même : nous étions, toutes et tous ses enfants.
Je l’ai serrée contre mon cÅ“ur peu avant la période de confinement. Elle voulait nous revoir, au conservatoire, et Vanina Ehu, sa fille spirituelle, que mamie avait formée la première, nous l’avait amenée. « J’aime la vie », m’avait-t-elle dit. Et la vie l’aimait aussi.
Je voudrais, simplement – parce que nous vivons tous ensemble des moments si difficiles – dire à quel point cette femme était exceptionnelle. Exceptionnelle par son engagement de tous les instants au service de sa culture et de sa passion, la danse traditionnelle tahitienne.
Exceptionnelle pour son amour de la transmission de ses savoirs, pour son exigence absolue de recherche de justesse et de sens.
Exceptionnelle pour sa liberté de parole, pour la grande maîtrise de son art. Pour cet incroyable caractère qui nous faisait toutes et tous trembler devant elle. Mais aussi, pour sa gentillesse, ses encouragements, sa volonté de se dépasser à chaque instant.
Toutes ces valeurs, Louise Kimitete nous les a transmises et inculquées durant plus de trente ans au Conservatoire. A l’époque, les anciens se rappellent que nous dansions dehors, à même le sol. Mais nous dansions et les galas de juin, place To’ata, étaient toujours un peu son triomphe car Louise était une plume d’un très grand talent.
Beaucoup ont apporté leur pierre à la construction de notre culture. Je pense à notre Coco Hotahota, qui lui est parti il y a quelques semaines. A bien d’autres encore, qui ont tracé le chemin sur lequel des milliers et des milliers d’entre nous se sont engagés et s’engageront.
Tous les arts méritent d’être vécus et développés, mais la danse traditionnelle porte en elle cette incroyable magie que Mamie nous a transmise, à force d’heures de travail, à force d’écrits talentueux, de chorégraphies ou les corps épousent les pensées, et où une seule raison majeure demeure : aimer. Aimer son Fenua, aimer sa famille, son groupe, son école, sa danse.
Beaucoup seront formé(e)s par Mamie Louise. Beaucoup deviendront professeurs, soit chorégraphes, maitres de ballets, grands danseurs.
Vanina et Erena, Moon, la petite fille de Louise, et Hinavai, Tuarii et Toanui, Hugues, Terau, Mateata, Heiti, Vairani, Kelly, Hinatea, Vaihere, Moena, Loïc, Joëlle, Teruria, Marama et Vaihere, Amandine, Mere et Heimaire, Taiana et Nanihi, Poura, Koleta; Kehaulani et toutes nos jeunes fleurs : Natalia, Orlane, Mahealani, Aisa.
Je ne peux pas tous et toutes les citer, mais nombre d’entre elles et d’entre eux étaient présents quand Louise a pris sa retraite, toujours à To’ata en 2012, où elle sera décorée des mains de Manouche Lehartel, des insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite
Mamie, nous ne te disons pas adieu. Car en fait, ta place est tellement forte dans nos cÅ“urs que j’entends ta voie, je vois ton beau sourire, je sens ton impatience mais également, ton admiration face à notre jeunesse qui a tant besoin d’apprendre.
Guide nous, Mamie, notre étoile. Aujourd’hui plus que jamais.

Fabien Mara Dinard